Commençons par… la conclusion !
Le bon vieux « cours par correspondance » avec supports papier a vécu ? Réponse : non ! Il est toujours là.
« L’enseignement à distance » a pris le relais et a remplacé le « cours par correspondance ». Réponse : non !
Le e-learning est devenu le number one dans l’efficacité pédagogique. Réponse : non !
« La formation en présentiel » est irremplaçable. Elle doit être la seule valable. Réponse : non !
Développons maintenant ces 4 concepts pédagogiques.
1) « Le cours par correspondance » a vécu ? Non. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons :
a) L’écriture a toujours son poids pédagogique. Les livres scolaires existent toujours et on les couvre avec beaucoup d’attention et de respect ! Les journaux et autres magazines gardent leur attrait même si certaines pages se retrouvent sur Internet.
b) N’oublions pas que la France reste une référence en matière d’écriture. N’est-ce pas le pays des multiples codes juridiques ? Des poètes et autres écrivains connus et reconnus dans le monde entier ?
c) Certaines personnes ont une mémoire visuelle livresque. Quand elles récitent ce qu’elles ont appris dans les livres, elles sont capables de vous dire à quelle page et à quel endroit précis de la page se trouve telle ou telle partie. Face à un écran, elles sont plus perturbées.
2) L’enseignement à distance a pris le relais et a remplacé le « cours par correspondance ». NON.
Et voici pourquoi.
a) Les moyens pédagogiques axés sur d’autres supports que le papier ont apporté indéniablement de l’efficacité pédagogique. Il est plus agréable et efficace de voir une vidéo sur un cours de cuisine ou de maquillage par exemple. L’image a un impact d’apprentissage avéré. Elle reste ancrée dans les cerveaux. Elle le reste d’autant plus qu’elle a été préparée par quelques feuilles écrites. Le mixage est très utile.
b) Les moyens apportent un souffle pédagogique utile. Cela redonne de la motivation à un apprenant lassé peut-être de n’avoir que des livres à étudier.
c) L’enseignement à distance bénéficie de toute la technologie montante qui gomme les distance. Désormais, les pays les plus reculés peuvent obtenir, en temps réel, la même qualité pédagogique pour leurs étudiants que ceux qui habitent en face de l’école !
3) Le e-learning est devenu le number one dans l’efficacité pédagogique. Non !
Et pourquoi donc ?
a) Certes le e-learning exclusif est apprécié des entreprises en matière de formation professionnelle continue. C’est un signe de modernité. Par la durée des connexions et des réponses, il est contrôlable.
b) Cependant, c’est une méthode furtive qui ne peut pas aller trop profondément dans l’apprentissage pédagogique. Il est difficile de passer un CAP ou un BTS avec uniquement du e-learning. Cette méthode, pour attractive qu’elle soit, manque de consistance. C’est d’ailleurs le constat du Ministère de l’Education Nationale qui refuse de leur donner toutes les prérogatives octroyées aux « vraies écoles ».
4) La formation en présentiel est irremplaçable. Elle est la seule valable. Non !
a) Dans le cadre de l’andragogie (pédagogie appliquée aux adultes), la formation en présentiel a moins d’importance que quand on est encore soumis à l’obligation scolaire. En effet, l’adulte est capable de s’organiser et de faire appel à son vécu pour compenser l’absence physique du maître.
b) La formation en présentiel présente des contraintes géographiques et financières. Une structure d’écoles sur place présente un coût important par rapport à une formation à distance qui, de surcroît, peut atteindre n’importe quel petit village du monde entier. C’est pourquoi, d’ailleurs, ce type de formation intéresse beaucoup les pays émergents (exemple : la Chine).
c) Certains adultes ont besoin d’une rupture pédagogique pour réussir. Ils peuvent avoir fondé un mauvais souvenir des « bancs d’école ». Ils ont besoin de « se prendre en main » et d’être en responsabilité pour leur formation.
Après nos conclusions du début de ce propos, établissons une synthèse de ce qui précède.
De 1850 (date de création du cours par correspondance par Emile Pigier), à nos jours, cette méthode de formation peut bénéficier de tous les apports successifs : cours par correspondance stricto sensu, formation à distance, e-learning, séances en présentiel (regroupement d’élèves qui suivent un cursus à distance).
Ces 4 paramètres aboutissent à un mix-pédagogique qui présentent d’excellents résultats. Comment dénommer cette nouvelle méthode pédagogique : les textes officiels français et européens n’hésitent plus désormais à lui donner un nom : FOAD comme Formation Ouverte et A Distance.
Jean-Pierre Lehnisch
Président Directeur Général du CNFDI
Docteur d’Etat en droit
Licencié ès lettres
Expert en Enseignement à Distance et auteur des ouvrages :
1. « Enseignement à distance, droit et pratique »
1ère thèse d’Etat sur l’enseignement à distance
2. « L’enseignement à distance »
Collection Que sais-je / PUF
3. « Enseignement à distance et formation professionnelle continue »
Ed. ESF / Ed. d’organisation