La question est débattue depuis…1850 date de création du 1er cours par correspondance en France par Emile Pigier. Les uns défendent l’idée que l’enseignement à distance est idéal en temps de crise afin de réajuster le marché du travail entre offres et demandes d’emplois. D’autres soutiennent la conviction que ce type de formation est surtout nécessaire en périodes d’euphorie économique, de plein emploi afin de répondre aux multiples sollicitations du marché de l’emploi.
Alors qui a raison ?
Allons de suite à la conclusion au risque de décevoir les amateurs du suspens intellectuel : il n’y a pas de contradiction entre les deux opinions !
Facilité de réponse pour ne pas prendre parti ? Non car c’est une réalité historique de conforter les deux parties et voici pourquoi.
1. La formation à distance : oui en temps de crise économique
Qui dit crise économique, dit chômage et parfois chômage massif. Or une bonne partie de ces ruptures d’emplois proviennent de l’inadéquation entre offres et demandes d’emplois. Des métiers disparaissent rapidement, d’autres émergent. L’évolution technologique est rapide et à chaque coup d’accélérateur, des pans entiers de salariés perdent leur job. La formation à distance répond à ce problème car c’est un système très simple pour adultes. On peut continuer à suivre un emploi du temps tout en préparant ou en re-préparant son avenir professionnel.
On peut ainsi se diriger vers des secteurs professionnels qui cherchent preneurs, et ce rapidement : quelques mois, parfois, suffisent si on a une motivation d’adulte responsable.
2. La formation à distance, oui en temps d’euphorie économique et de plein-emploi
Contradiction ? En effet, pourquoi faire l’effort psychologique et financier de se former alors qu’on est bien installé dans son job ?
En réalité, c’est un constat de surface, du haut de l’iceberg ! Car ces périodes provoquent des sollicitations tous azimuts.
Il faut pouvoir y répondre ! Des nouveaux métiers apparaissent, des créneaux inédits s’offrent sur le marché du travail et il faut pouvoir y répondre ! D’où le besoin en formation.
Il suffit de constater le développement de la formation à distance durant les 30 glorieuses (1944-1974) pour être convaincu. D’ailleurs la formation ouverte à distance (f.o.a.d) présentait un tel développement anarchique pour répondre rapidement à la demande qu’il a fallu l’intervention du législateur pour contrôler ces établissements (loi du 12/07/1971).
Enfin, il n’est pas inutile d’ajouter que les périodes d’euphorie économique ne durent pas. Les creux arrivent inévitablement. Autant s’y préparer et anticiper cette évolution inévitable.
Nous concluons par ce que nous annoncions en introduction ; la formation à distance est tellement souple qu’elle est capable de s’adapter à l’environnement économique, qu’il soit dépressif ou euphorique. Ceci est une chance pour l’ensemble des structures institutionnelles éducatives qui sont toujours plus lentes à s’adapter à un nouvel environnement professionnel. L’enseignement à distance peut leur servir alors d’études réelles de marché.
Jean-Pierre Lehnisch
Président Directeur Général du CNFDI
Docteur d’Etat en droit
Licencié ès lettres
Expert en Enseignement à Distance et auteur des ouvrages :
1. « Enseignement à distance, droit et pratique »
1ère thèse d’Etat sur l’enseignement à distance
2. « L’enseignement à distance »
Collection Que sais-je / PUF
3. « Enseignement à distance et formation professionnelle continue »
Ed. ESF / Ed. d’organisation